C’est un peu dommage, j’ai vu ce film d’animation relativement tardivement en salle et en plus j’ai pris mon temps pour rédiger cette chronique : résultat si j’en motive quelques-uns, ils vont devoir se dépêcher pour trouver une salle qui le projette encore. Il y en a quelques unes à Paris et en province.
Lettre à Momo - ももへの手紙 (Momo e no Tegami) – est la deuxième œuvre réalisée par Hiroyuki Okiura 13 ans(1) après Jin-Roh. Cette fois le film est beaucoup plus optimiste et il se classe parfaitement dans la catégorie des films, où il n’y a pas de méchant (qualificatif anciennement employé pour me décrire Tonari no Totoro).
On y retrouve Momo Miyaura, une fillette d’une douzaine d’années plutôt timide et en plein déménagement suite au décès de son père. Dès le début on la retrouve avec sa mère sur un bac qui les amène dans l’île de Shio(2) chez ses grands-parents maternels au milieu d’un des archipels de la mer du Japon : une petite île, où le temps semble s’être arrêté.
Le titre du film vient d’une lettre inachevée que son père a commencé à écrire avant de se perdre en mer et que Momo a retrouvée. Ne s’étant pas quitté en très bon terme, cette lettre a énormément d’importance pour elle et elle n’arrête pas de relire les quelques mots qui la composent : Chère Momo …
D’un côté une Momo pensive et timide qui a du mal à s’intégrer, de l’autre sa mère Ikuko, qui offre un contraste saisissant, souriante et plaisante, malgré c’est problème de santé, elle agit comme si rien ne s’était passé. Malheureusement, malgré tous les efforts de sa mère, Momo ne se sent pas à sa place.
Préférant rester seule, Momo se réfugie dans leur maison, c’est à partir de ce moment qu’elle commence à y entendre des bruits étranges, et ce ne sont pas que des bruits d’ailleurs, vu qu’il y a aussi des voix, qui murmurent son nom ! Puis ce sont des choses qui disparaissent comme les puddings qu’elle avait réservés pour son goûter, et enfin des ombres furtives qu’elle entrevoit du coin de l’œil.
Le coupable ou plutôt les coupables, sont trois Yōkai(3) à l’insatiable appétit, qu’elle croit échappés d’un ancien recueil d’estampes de l’ère Edo qu’elle avait ouvert en arrivant sur l’île. À trois ils sont responsables de tout un tas de ravages dans les environs, dont une partie des conséquences va même retomber sur la pauvre Momo.
D’abord terrifiée elle commence par les fuir, mais elle n’arrive pas à s’en débarrasser, à croire que c’est leur métier de la suivre à longueur de journée, enfin quand ils ne volent pas de la nourriture dans les champs ou les habitations. Puis finalement elle découvre un sceau leur appartenant, qui s’il est brisé, les renverra chez eux, elle passe donc à la vitesse supérieur et essaye de les mettre au pas en les faisant chanter.
Mais il semble qu’il n’est pas si facile de calmer ces monstres : bruyants, pénibles, distraits, gamins, mais assez attachants ; surtout qu’on apprend assez vite qu’ils sont ici pour aider Momo et sa mère.
C’est le genre de film qu’on ne verra jamais chez Disney, et qu’il semble que seuls les japonais soient encore capables de réaliser. Des personnages et de l’humour (les trois Yōkai y sont hilarants, surtout le petit Mame à la mémoire défaillante), il a bien plus dans ce film qu’une simple réflexion sur une enfant qui a perdu son père.
Comme Ame et Yuki l’année dernière j’ai beaucoup apprécié ce film d’animation et ait été enchanté pendant ses deux heures. Imaginatif, poétique et humoristique, il n’a rien à envier aux réalisations des studios Ghibli.
Il a fallu sept années de travail à Hiroyuki Okiura sur le scénario, les story-boards et la réalisation, mais c’est un sans faute. Le film est presque entièrement dessiné et animé à la main et l’animation reste néanmoins très fluide, même pendant les scènes rapides de la poursuite des sangliers ou du typhon ; comme quoi on peut encore faire des choses magnifiques sans avoir besoin de tout faire sur ordinateur.
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(1) : étrange, Jin-Roh datant de 1999, compte tenu que l’on est en 2013, ça aurait dû faire 14 années. Donc, soit je ne sais pas compter, soit j’ai vraiment mis des éons pour écrire cette chronique, soit il a encore fallu plus d’une année et demi pour que Momo arrive sur nos écrans français. Devinez …
(2) : Inutile de chercher cette île, elle n’existe pas.
(3) : Esprits semblent ici être la meilleure traduction du terme Yōkai.
(4) : le terme manga datant du XVIIIème siècle, il a donc parfaitement sa place ici.
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