Casus Belli, vous connaissez ? Et non je ne parle pas de la locution latine, plutôt du magazine. Celui que vous êtes obligés de connaître si vous avez joué aux jeux de rôles entre les années 1980 et 1999. Le journal avait connu quelques déboires financiers à la fin du millénaire dernier, et résultat le navire avait fait naufrage, une grande perte pour le loisir français.
Réparé, retapé, puis sombré deux fois encore, il semble cette fois s’être finalement relevé de ses cendres avec sa dernière mouture aux éditions BlackBook. Et l’avantage c’est que ce sont les vieux routards de la première heure, qui sont de retour aux commandes !
Mais je m’éloigne un peu du sujet, car après plus de 3 ans de parution un peu chaotique certes, ça serait un peu tard pour en parler. Je préfère donc évoquer leur première grande campagne écrite conjointement avec BlackBook, une aventure, qui a fait l’objet d’une campagne de financement participatif en juillet dernier.
Anathazerïn – Le Sang des Premiers Nés.
Et c’est Noël avant l’heure, car même si le PDF de la campagne est disponible depuis fin août, la version physique elle n’est arrivée que pour cette fin novembre, et je l’ai même vu en boutique ce week-end.
De ce qu’il y a dans la boîte
Ou plutôt ce que j’ai pris
En ouvrant le carton la première chose que j’ai remarqué, c’est bien-sûr l’énorme volume de la campagne : un gros pavé de 450 pages quand même, qui comprend les chapitres 2(1) à 13 de l’aventure.
Ce livre est d’excellente facture, particulièrement dense et bien illustré, et je trouve que son petit format (17 x 22)(2) est plutôt pratique, surtout en déplacement.
Il est accompagné d’un recueil de mini-aventures : l’un des paliers, qui a été débloqué grâce à la campagne de CrowdFunding ; et qui contient 16 mini-scenarii parfaits pour l’initiation ou les initiés.
Si certains de ses scénaristes me sont inconnus, j’y ai quand même reconnu un certain Tristan Lhomme, et surtout un auteur français dont je ne connaissais pas la passion pour le jeu de rôle : à savoir Maxime Chattam, et après avoir lu son scénario, je pense que je vais aller jeter un coup d’œil à ses bouquins.
Pour finir et en fouillant au fond du pack, on peut trouver deux autres choses : un guide réservé aux joueurs, qui leur présentent les Terres d’Osgild, où se situe la campagne ; et un livret d’initiation en noir et blanc, un brin vintage, qui introduit une aventure qui décrit les événements s’étant passés vingt ans avant la chronique d’Anathazerïn. C’est en quelque sorte le Legendarium des prémisses de cette campagne.
À noter que les collectionneurs pourront aussi s’acheter un écran, des feuilles de personnages et un set de dés conçus exclusivement pour la campagne, ainsi que des boîtes de rangement collector pour les deux gros volumes : la campagne et les règles.
Du Système de règles
Ce sont les règles des Chroniques Oubliées, qui sont utilisés ici : créées par Black Book en 2009, puis reprises et développées dans les premiers numéros de Casus Belli à partir de 2011 ; elles ont finalement atteint leur dernière version dans le premier hors-série du magazine(3).
C’est un système de règles basé sur OGL3.5, mais qui est quand même plus simplifié et léger que Pathfinder. L’ensemble est stable et équilibré, et on sent qu’il a été suffisamment mûri, pour constituer un jeu suffisant aussi bien pour l’initiation ou que pour le long terme.
J’ai juste regretté que le système de magie proposé par défaut, n’était pas le standard Vancien : basé sur les romans de Jack Vance, et qui a servi de modèle à la magie de Dungeon & Dragon(4). Heureusement qu’une règle optionnelle suffit à pallier à ce manque.
On peut aussi regretter que contrairement à D&D, le manuel ne propose pas sa liste d’objets magiques, qui s’étale sur 150 pages, mais bon on ne peut pas tout avoir … ;-p
Sinon et comme indiqué plus haut, ces règles contiennent aussi la première aventure de la campagne : Retour à Clairval. Rien de bien héroïque, mais après tout c’est presque normal pour des héros de niveau 1(5), en tout cas cette aventure propose quand même une ou deux surprises avec un dénouement pour le moins inhabituel.
Mais la campagne, c’est quoi sinon ?
À cette question est sans faire de spoiler, je peux déjà citer l’inspiration de cette campagne : à savoir la fameuse série de scenarii de Gary Gygax – Queen of the Spider. Ceux qui ont joué à cette campagne savent qu’elle était extrêmement difficile, et constituait déjà à l’époque (dans les années 80) le défi ultime pour un groupe de joueurs de haut niveau(6).
Elle est difficile c’est vrai, mais il semble néanmoins que cette aventure ait beaucoup marqué l’auteur : Laurent Debelle. Il en a donc retiré le souffle épique, pour la transférer dans quelque chose de plus jouable.



Résultat 13 chapitres et 13 aventures dans le plus pur style de l’Heroic Fantasy. Et même si l’on y rencontre des Géants et des Drows, et l’histoire est au final assez éloignée de son inspiration.
Le tout propose des aventures très variées :
- du donjon Old-School ;
- des enquêtes et de la politique ;
- des batailles ;
- et même de l’archéologie …
Il y en a pour tous les goûts, et l’un des chapitres devrait surprendre aussi bien les vieux routards que les jeunots, par sa mise en scène, disons un brin particulière.
Si vous êtes débutant ou un habitué, lancez-vous ! Si vous aimez l’Heroic Fantasy vous ne serez pas déçu.
(1) : on pourrait penser que commencer au premier chapitre serait plus pertinent, mais en fait vu qu’il est déjà présent dans le livre de règles, et que l’ensemble est prévu pour former un duo de livres, l’aventure n’a pas été dupliquée.
(2) : c’est le même format que la nouvelle mouture de Casus Belli, et au final c’est bien plus pratique que l’ancien A4.
(3) : c’est le second en fait, même s’il porte quand même le numéro un. Le n°0 étant réservé pour un spécial BlackBook contre les Drows (inutile de cherche ce que les Elfes Noirs viennent faire ici).
(4) : ce système part du principe, que les mages peuvent chaque jour mémoriser un nombre fini de sorts, qu’ils pourront alors lancer une fois à chaque mémorisation. Donc si l’on veut lancer deux boules de feu, il faut alors mémoriser deux fois ce sort. Vous ne trouverez donc pas de point de mana ou d’équivalent ici.
(5) : mais peut-on parler de héros pour un tel niveau.
(6) : ce n’était pas le seul défi qui existait à l’époque d’ailleurs, car The Tomb of Horrors n’était pas mal non plus dans son genre.
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